• Le progrès civilisationnel

    Le progrès civilisationnel


    publié sur Bellaciao le 15 mars 2009

    http://bellaciao.org/fr/spip.php?article82214

    A l'échelle du monde ce sont les armes de destruction massive qu'il faut détruire. Si l'on ne gardait que des fusils un grand pas serait déjà fait contre la violence guerrière. Il faut promouvoir aussi l'alter-développement, celui de la valeur d'usage, des services publics contre la valeur marchande et la privatisation du monde. Il faut construire des liens de solidarité entre les peuples.

    En quittant le champ macro pour passer au plan inter-individuel ce progrès est aussi des plus réduit ; il est même très régressif dans les sociétés les plus autoritaires politiquement et socialement et appauvries économiquement et culturellement. Mais la modernité n'est pas exempte d'ambiguité. Les rapports hommes-femmes sont à cet égard un bon prisme de l'état du monde plus proche de la barbarie que de la civilisation.

    Les dérives radicales des religions n'y sont pas étrangères. Les dérives marchandes non plus. Ici le capitalisme n'a pas tous les torts. Certes il marchandise les corps, autorise la prostitution mais il ne fait là que poursuivre ce qui se faisait auparavant car les religions se sont bien souvent accommodés de la prostitution en plus d'entretenir la domination à l'encontre de femmes . En fait le capitalisme brouille les normes et les repères puisque sa seule règle fondamentale est "tout s'achète, tout se vend". Ce faisant, il détruit inexorablement ce qui faisait sens pour la tradition. Cette destruction suscite des soubresauts chez les tenants des rapports humains archaïques. Mais la vraie modernité porteuse de civilisation ne s'accommode pas plus de la généralisation marchande que de l'autoritarisme religieux.

    La modernité n'est pas le fait du capitalisme mais celui des forces porteuses d'égalité et de réciprocité dans les rapports humains. Dans une optique freudo-marxiste, le progrès civilisationnel, pour être moins ambigu et plus émancipateur dans son contenu, devra nécessairement prendre une autre forme que celle en cours . Il viendra lorsque les sociétés sauront libérer plus de libido dans un cadre garanti d'égalité et de réciprocité  - ce qui suppose des conquêtes politico-sociales dans tous les pays de la planète - tout en contenant plus fermement les recours à l'agression, à la répression sociale, notamment à l'encontre des femmes. Dans les sociétés ou la religion imprime fortement une marque réactionnaire face à la modernité, il existe une souffrance sociale forte tant chez les femmes que chez les hommes même si les premières en sont les victimes systémiques. Cela tient à l'imposition de règles draconiennes de contention libidinale extrêmement sévères, qui transforment la civilisation en barbarie, une barbarie sexuée.

    Dans son gros ouvrage "La passion de détruire" Erich Fromm distingue l'agressivité défensive de la destructivité, forme de cruauté. L'agressivité défensive mise en usage pour rétablir un tort ou une humiliation faite, pour affirmer l'amour ou l'amitié, pour défendre ses valeurs est qualifiée par Erich Fromm d'agressivité biophile car elle est au service de la vie. L'agressivité destructrice est violence et malsaine. Il s'agit foncièrement de faire mal, de détruire.

    La violence provient des mauvaises conditions de développement des humains et notamment des enfants et de la jeunesse qui va au-delà de la mauvaise éducation générale. Elle provient de la préférence pour les solutions rapides, expéditives et dures  telle la gifffle (tous les jours c'est plus grave qu'une tous les six mois) ou la matraque aux explications, à l'écoute, à l'échange. Passer du réactif au relationnel est difficile et n'est guère enseigné. La dévalorisation verbale précède et accompagne la répression physique.

    La dévalorisation est généralisée tant au travail sous l'effet de la contrainte hiérarchique et de la mise en concurrence des salariés qu'hors du travail dans les quartiers délaissés surtout ou le chômage et très important . Ce sont les jeunes et les divers "perdants" qui subissent massivement la dévalorisation de sous des formes diverses. Le sécuritaire engendre la généralisation de la peur et donc l'absence de contact, de relation. Des guettos se sont formés et se renforcent. La peur construit des murs et forge la haine de l'autre.

    La non violence n'est pas le retrait, la passivité. Elle est active pour susciter l'échange pour que le respect grandisse, que les sentiments soient reconnus, y compris le cas échéant les mauvais mais de façon maîtrisée, assertive.

    Léo Jog

    L'enfer et le paradis.

    Un samouraï cherche des réponses à ses questions sur le sens de la vie. Il parcourt des lieues pour rejoindre, en haut d'une montagne isolée, un moine réputé immensément sage. Arrivé devant lui, il lui demande : "Ô moine enseigne moi l'enfer et le paradis". Le moine, sans le regarder, lui jette : "Enseigner à un être orgueilleux tel que toi ?" De rage, le samouraï lève son sabre: "Tu vas voir ce qu'il en coûte de m'insulter ! " Au moment ou le sabre va s'abattre sur sa tête, le moine dit tranquillement : "ça, c'est l'enfer." Le bras du samouraï se pétrifie, le sabre interrompt sa course. Balbutiant, l'homme risque : "Tu veux dire que tu as risqué ta vie pour m'enseigner cela ?" Le moine le regarde : ça c'est le paradis."

    Et Isabelle FILLOZAT d'expliquer ensuite que le samouraï est dans le pouvoir, le moine lui est dans la puissance. Le samouraï est envahi par ses pulsions, une phrase a suffit à le plonger dans l'enfer de la violence. Le moine n'a pas eu peur, il est resté puissant et a montré au samouraï sa vérité : çà c'est l'enfer." La prise de conscience du samouraï le délivre de sa violence et lui fait accéder au paradis.

    in L'intelligence du coeur - Rudiments de grammaire émotionnelle JC Lattès p169


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